Comment les Salines Suisses lessivent-elles le sel en sous-sol ?
Avant de commencer à forer pour exploiter un gisement de sel, les géologues et les ingénieurs déterminent les conditions nécessaires pour mener une activité d’extraction en toute sécurité. Ils réalisent des sondages pour définir précisément l’emplacement des différentes couches aquifères, par exemple, et effectuent des carottages pour déterminer la dureté de la roche.
Simulation précise, contrôle indépendant
À l’aide de données existantes et récentes, les différents spécialistes décrivent et évaluent l’impact de l’extraction de saumure sur le sous-sol, la surface ainsi que sur l’environnement. Les Salines Suisses soumettent les résultats aux autorités pour un premier examen. Après d’éventuels renseignements complémentaires, la demande de permis de construire définitive, accompagnée du rapport d’impact sur l’environnement et des rapports techniques complémentaires, est remise au canton puis publiée. Ce n’est que lorsque la demande et les rapports sont techniquement et formellement corrects et les éventuelles oppositions levées que les autorités peuvent délivrer le permis de construire. Le permis de construire ainsi que les permis de forage ultérieurs sont assortis d’obligations et de mesures diverses.
Avant le lessivage : le forage
Si le permis est délivré, la couche de sel est forée en plusieurs étapes, à environ 200 mètres de profondeur. D’épais tubes sont emboîtés et cimentés les uns dans les autres. Le diamètre du tubage diminue au fur et à mesure (« effet télescopique »). Cela permet d’éviter de manière fiable et durable que l’eau ne s’infiltre dans d’autres couches. Le dernier tube installé perce la couche de sel.
Début du lessivage
De l’eau fraîche (bleue) est injectée dans la couche de sel par les tubes pour dissoudre le sel. Au fur et à mesure des années, un espace rempli de saumure (vert) se forme dans la couche de sel, c’est ce que l’on appelle une caverne. Celle-ci n’est jamais vide. Le sel est lessivé progressivement du bas vers le haut. La caverne mesure maintenant entre 5 et 10 mètres de haut et jusqu’à 75 mètres de long. L’azote, également injecté dans la caverne (jaune), est plus léger que la saumure et forme une couche appelée « blanket », qui protège le toit de la caverne. Cette évolution de la technique de lixiviation a permis de prévenir les effondrements soudains qu’on a pu voir par le passé dans d’autres endroits.
Développement progressif de la caverne
La caverne enclavée dans la couche de sel va s’agrandir de 4 à 5 mètres vers le haut en plusieurs étapes. La quantité de sel extraite permet de calculer le volume de la caverne à ce moment-là. Par ailleurs, des experts contrôlent régulièrement les dimensions et la forme de la caverne à l’aide de mesures au sonar. Les Salines Suisses surveillent également la surface pour détecter d’éventuels affaissements et communiquent leurs valeurs aux autorités cantonales.
Fin de l’extraction de sel
L’extraction de sel se termine et le lessivage est arrêté. Selon l’épaisseur de la couche de sel, la caverne peut atteindre 40 mètres ou plus de hauteur. Au-dessus de la caverne, on conserve toujours une couche de sel gemme stable d’environ 10 mètres d’épaisseur. Une distance minimale entre les cavernes garantit la présence d’une couche de sel gemme solide de plusieurs dizaines de mètres autour de chaque caverne. Bien que la caverne, désormais à l’arrêt, soit toujours pleine de saumure, elle reste en observation pendant plusieurs années et continue d’être mesurée. Ce n’est qu’après cette phase que les Salines Suisses remplissent le puits avec du ciment pour en assurer l’étanchéité définitive.
Perspectives
Au cours d’un processus très lent qui va prendre une centaine d’années, le sel alentour va à nouveau remplir la caverne. À long terme, celle-ci va rapetisser et disparaître complètement. L’impact en surface de ce long processus géologique est extrêmement limité compte tenu de l’importante profondeur à laquelle se trouve la caverne. Les affaissements lents sont mesurables. Ils sont comparables aux mouvements d’affaissement naturels que l’on peut observer dans de nombreux endroits de la région.